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La recherche © MNHN - F-G Grandin

Une recherche multidisciplinaire

Les thèmes de recherche développés dans les parcs zoologiques du Muséum national d’Histoire naturelle s’inscrivent essentiellement dans le cadre de la biologie de la conservation et dans le domaine des sciences vétérinaires. Cependant, la Haute-Touche développe également de nombreux travaux fondamentaux grâce à une petite équipe dédiée et à son laboratoire. Nos programmes sont également menés en étroite collaboration avec la région et de nombreux établissements scientifiques.

REPRODUCTION

L’équipe de recherche de la Haute Touche étudie la physiologie de la reproduction des mammifères sauvages (endocrinologie de la gestation, cycles ovariens, folliculogenèse, développement embryonnaire…) et développe les techniques de procréation assistée (insémination artificielle, fécondation in vitro, transfert d’embryons, cryopréservation) afin de faciliter à terme la réalisation des programmes conservatoires.

UNE EXPERTISE RECONNUE

Dans un premier temps, l’équipe a cherché à démontrer la viabilité d’embryons produits in vitro chez le cerf élaphe. En 2004, les premiers faons nés de fécondation in vitro d’ovules avec du sperme congelé puis transfert d’embryons cryoconservés sur mères porteuses ont été obtenus par le laboratoire (Locatelli et al. 2004). Par la suite, le laboratoire a démontré qu’il était envisageable d’utiliser des mères porteuses d’espèce proche pour recevoir les embryons produits in vitro : un cerf sika naît d’une mère élaphe (Locatelli et al. 2008).

À ce stade, notre projet consiste à affiner nos connaissances dans ces domaines technologiques et à les mettre en application pour certaines des espèces sauvages les plus menacées.

Par exemple, ces biotechnologies pourraient faciliter la réintroduction du cerf Sika de Formose, espèce très rare de l’île de Taïwan. En produisant et transférant des embryons de cette espèce sur des mères porteuses Sika du Japon, espèce très voisine et plus commune, l’équipe de la Réserve pourrait produire une population de Sika de Formose captive plus importante, renforçant ainsi la capacité de possibles réintroductions.

L’équipe de recherche est spécialisée dans :

  • la production et la conservation des gamètes mâles, la maîtrise de la cyclicité des femelles (synchronisation de l’œstrus et de l’ovulation) ;
  • la mise en place de dosages hormonaux en relation avec l’étude du comportement (dosage des stéroïdes fécaux pour déterminer la durée des cycles de différentes espèces) ;
  • la production d’ovocytes de qualité en vue de la production in vitro d’embryons, la maîtrise des techniques de congélation de ces embryons, leur décongélation et le transfert interspécifique sur des femelles receveuses compatibles ;
  • la cryobiologie des tissus gonadiques (ovaires et testicules) et la gamétogenèse in vitro.

ÉTUDES VÉTÉRINAIRES

En complément des soins réguliers qu’ils apportent aux animaux du parc et de la prévention des risques sanitaires, les vétérinaires de la Réserve conduisent des études permettant d’affiner les connaissances de la médecine spécifique à la faune sauvage. Ces recherches permettent de mieux comprendre certaines pathologies, d’intervenir avec plus d’efficacité ou encore définir des traitements optimisés pour la faune sauvage. L’ensemble de l’équipe de la Haute-Touche a été sollicitée par le Ministère de l’Environnement dans le cadre d’une demande d’Appui Scientifique et Technique pour la réalisation d’une étude sur la brucellose chez le bouquetin (Capra Ibex) pour l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et l’OFB (Office français de la biodiversité).

ÉTUDES DU COMPORTEMENT ET ÉCOLOGIE COMPORTEMENTALE

L’étude et la meilleure connaissance du comportement d’une espèce est un élément indispensable pour nous permettre d’assurer son bien être. Au-delà de l’animal lui même, nous étudions également ses interactions avec ses congénères et avec l’environnement. Nos études portent sur le comportement maternel (interactions mère-jeune), les communications chez les mammifères (études des vocalisations chez les cervidés, le dhôles, le sanglier), l’établissement de la dominance (chez les loups et dhôles), les comportements alimentaires ou l’épizoochorie (transport de graines par l’animal).

Plusieurs programmes sont développés :

  • le comportement maternel chez les cervidés (Programme Régional COCERCO) en Collaboration avec l’INRA PRC et la Région Centre ;
  • la (ou les) préférence(s) spatiale(s) chez le loup en vue d’optimiser les comportements naturels ;
  • l’approche comparée de l’ontogenèse des vocalisations chez les cervidés (Collaboration Université de Sussex, D.Reby) ;
  • l’épizoochorie chez les ongulés (Programme Régional COSTAUD, collaboration IRSTEA) ;
  • le comportement social des babouins avec suivi d’un groupe sur plusieurs années ;
  • les comportements alimentaires des lémuriens.

ARCHÉOZOOLOGIE

La Réserve est partenaire ou collabore à des programmes de recherche en archéozoologie (sangliers, dhôles).

Les archéozoologues tentent depuis des décennies de documenter les premières étapes du processus de domestication animale à partir des vestiges archéologiques, mais ce avec peu de succès. Le projet ANR Domexp (coordination CNRS-MNHN) vise à identifier de nouveaux marqueurs osseux associés aux premières étapes de la domestication du sanglier. Pour cela, nous étudions les conséquences de la mobilité sur le développement du système musculo-squelettique. Les biomarqueurs qui seront identifiés seront utilisables par l’archéozoologue pour déterminer les fragments osseux provenant d’animaux élevés par l’homme en tout début du processus de domestication. Une importante partie de l’équipe (vétérinaires et soigneurs) est mobilisée dans ce projet.

Nos dhôles font également l’objet d’une attention particulière par les archéozoologues de l’université de Bordeaux 1 (UMR PACEA). En effet, cette équipe cherche à préciser l’aire de répartition passée du dhôle en Europe. En effet des éléments montrent que le dhôle aurait été présent en France (Pleistocène). À partir d’accumulations osseuses (reste de repas) prélevées sur des sites de fouilles archéozoologiques l’objectif est de confirmer la présence du dhôle pour ces périodes en comparant ces échantillons anciens aux restes de repas des différents carnivores de notre collection, incluant bien entendu le dhole.